Introduction
Le SIBO (sigle anglais pour Small Intestinal Bacterial Overgrowth) ou « pullulation bactérienne de l’intestin grêle » est un trouble gastro-intestinal pouvant avoir un impact sur l’ensemble du corps et qui suscite de plus en plus d’attention dans le monde de la santé naturelle. Il s’agit d’une forme de dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre de la flore bactérienne normale (microbiote) de l’intestin.
Image par Alicia Harper de Pixabay
C’est une condition où les bactéries prolifèrent de manière excessive dans l’intestin grêle, créant des fermentations à l’origine de symptômes inconfortables et parfois invalidants. Dans cet article, nous allons explorer ce qu’est le SIBO, les symptômes courants, les facteurs de risque, le diagnostic et les options de traitement.
Qu’est-ce que le SIBO ?
L’intestin grêle est normalement peu peuplé en bactéries par rapport au gros intestin.
Cependant, dans le cas du SIBO, des bactéries provenant du côlon se déplacent vers l’intestin grêle, où elles se multiplient de manière excessive.
Cette surpopulation bactérienne, lorsqu’elle commence à fermenter les résidus alimentaires non digérés, se met à libérer des gaz de fermentation, ce qui perturbe la digestion et l’absorption des nutriments et peut entraîner divers symptômes digestifs, mais pas que…
Ces bactéries consomment les nutriments (glucides, vitamine B12…), empêchant notre corps de les assimiler et déconjugue également les sels biliaires, empêchant la formation de micelles qui entraîne une malabsorption des lipides et des vitamines liposolubles (A, E, D…). Tout cela aboutit à des carences, qui expliquent en partie les symptômes non-digestifs ressentis.
Lorsque la pullulation est vraiment trop excessive, elle entraine des lésions de la muqueuse intestinale et de l’inflammation.
Les symptômes courants du SIBO
Les symptômes du SIBO peuvent varier d’une personne à l’autre, mais les plus courants comprennent :
Les symptômes digestifs :
- Ballonnements, crampes et douleurs abdominales :
Les gaz produits par les bactéries en excès peuvent entraîner des ballonnements, des crampes et des douleurs abdominales. - Diarrhée et/ou constipation :
Les personnes atteintes de SIBO peuvent éprouver des changements dans leurs habitudes intestinales, notamment une alternance entre diarrhée et constipation. La malabsorption des graisses et les lésions des muqueuses peuvent provoquer des diarrhées. - Flatulences / Éructations excessives :
La production accrue de gaz peut entraîner des flatulences et/ou des éructations fréquentes et gênantes. - Reflux gastro-œsophagien (RGO) :
Certaines personnes atteintes de SIBO développent un RGO, provoquant une sensation de brûlure dans la poitrine. - Syndrome du côlon irritable (SCI) :
Le diagnostic de côlon irritable se fait principalement sur la base de symptômes (sans vraiment en connaitre la cause précise) notamment : des douleurs abdominales, une modification de la fréquence des selles, une modification de la consistance des selles (constipation, diarrhée ou alternance des deux), des ballonements… Cela ne vous rappelle rien ? Bingo ! Le SCI pourrait en fait être un SIBO ignoré.
Les autres symptômes :
- Mauvaise absorption des nutriments :
Le SIBO peut entraîner une carence en nutriments essentiels (notamment en vitamine B12, A, E, D), ce qui peut provoquer les symptômes suivants : - Fatigue et faiblesse :
L’impact du SIBO sur l’absorption des nutriments peut provoquer une sensation de fatigue constante. - Problèmes de peau
- Perte de poids
- Troubles cognitifs
- Intolérances alimentaires
- Symptômes anxio-dépressifs
- Troubles de la mémoire
- Fourmillements
- Symptômes du syndrome de Römheld :
l’excès de fermentations peut venir comprimer le nerf vague, le coeur, le diaphragme… à l’origine de certains symptômes cardiaques, vagaux et de la sensation de manquer d’air.
De nombreuses maladies peuvent avoir un lien de près ou de loin avec le SIBO, car le SIBO favorise (entre autres) l’hyperperméabilité intestinale, qui favorise un grand nombre de perturbations dans le corps à l’origine de certains symptômes ou maladies.
Les facteurs de risque du SIBO
Plusieurs facteurs de risque peuvent augmenter la probabilité de développer un SIBO, notamment :
- Troubles digestifs préexistants :
Les personnes atteintes de maladies gastro-intestinales ou de MICI, telles que la maladie de Crohn par exemple, ont un risque plus élevé de développer un SIBO. - Chirurgies :
Les chirurgies qui modifient l’anatomie de l’estomac ou des intestins (gastrectomie, bypass, …), mais aussi les chirurgies abdominales, y compris la césarienne, peuvent augmenter le risque de SIBO. - Troubles immunitaires :
Les affections qui affaiblissent le système immunitaire peuvent favoriser la croissance bactérienne excessive. Un lien entre le SIBO et Lyme et co-infections se dessine ici. - Maldigestion/malabsorption :
Hypochlorhydrie / Mastication insuffisante / Carences enzymatiques… : Lorsque les aliments ne sont pas suffisamment bien préparés pour une bonne digestion, ils peuvent favoriser un SIBO. Attention donc lors de la prise d’IPP. Parlez-en à votre médecin si vous soupçonnez un lien entre votre SIBO et la prise d’IPP.
- Stress chronique et les émotions de peur :
Le stress empêche notamment (mais pas que) une digestion optimale (via plusieurs facteurs différents) des aliments, ce qui, comme nous venons de le voir, favorise le SIBO. - Mauvaise hygiène de vie :
Mauvais sommeil, alimentation déséquilibrée… une fois encore tout ce qui va contribuer à une mauvaise digestion et à nourrir les mauvaises bactéries va favoriser le SIBO. - Problèmes de motilité intestinale :
Un ralentissement de la motilité intestinale (lié à une infection ou à une maladie – on retrouve notre chère maladie de Lyme, mais aussi la neuropathie diabétique, la sclérodermie, l’amylose, l’hypothyroïdie…) augmente le risque de SIBO. - L’âge :
Avec l’âge, certains problèmes digestifs peuvent apparaitre (achlorhydrie, modifications idiopathiques de la motricité intestinale… ) favorisant le risque de SIBO.
Le diagnostic du SIBO
Le diagnostic du SIBO peut être un défi, car de nombreux symptômes se chevauchent avec d’autres troubles gastro-intestinaux et maladies. Cependant, les médecins peuvent utiliser diverses méthodes, telles que des tests respiratoires ou la culture quantitative du contenu intraluminal intestinal (endoscopie), pour identifier la présence de SIBO.
Les tests respiratoires sont à privilégier dans le sens où ils ne sont pas invasifs.
Comment ça marche ?
Les tests respiratoires pour le SIBO sont basés sur le principe que les bactéries de l’intestin grêle métabolisent les glucides non digérés et produisent des gaz tels que le méthane et l’hydrogène. Ces gaz sont ensuite absorbés dans la circulation sanguine et expirés par les poumons.
- Préparation :
Avant de subir le test, il faut généralement suivre un régime pauvre en FODMAPs pendant une courte période (au minimum la veille), suivi d’une période de jeûne (minimum 8h – 12h de préférence). Pas de prise d’antibiotiques les 4 semaines précédant le test, ni d’agents de promotilité et de laxatifs pendant au moins 1 semaine avant le test.
- Administration d’un substrat :
Le patient ingère une quantité contrôlée de substrat contenant des glucides mal absorbés, tels que le lactulose ou le glucose. Ces glucides servent de nourriture aux bactéries de l’intestin grêle.
- Collecte des échantillons d’haleine :
Le patient expire dans un dispositif spécial qui recueille l’air expiré à intervalles réguliers, généralement toutes les 15 à 30 minutes, pendant 3h.
- Surveillance des gaz :
Le laboratoire analyse ensuite les échantillons d’haleine pour détecter les niveaux de méthane et d’hydrogène. Des niveaux élevés de ces gaz à des intervalles spécifiques peuvent indiquer la présence de bactéries dans l’intestin grêle qui fermentent les glucides.
- Interprétation des résultats :
Les résultats du test sont interprétés par un professionnel de la santé. Des niveaux élevés de méthane, d’hydrogène ou les deux peuvent indiquer la présence de SIBO.
Avantages et limitations des tests respiratoires pour le SIBO
Les tests respiratoires pour le SIBO sont non invasifs et relativement simples à réaliser. Cependant, ils présentent quelques limitations.
Par exemple, la présence de bactéries dans l’intestin grêle n’est pas nécessairement synonyme de SIBO, car certaines bactéries peuvent être normalement présentes à cet endroit.
De plus, il n’y a pas de standards communs, la sensibilité et la spécificité des tests peuvent varier, tout comme les volumes de sucre administré et les méthodes d’interprétation (seuils retenus pour décréter que les résultats sortent de la normalité ou non).
En fonction des particularités propres à chacun, certaines personnes ne vont produire que du méthane, d’autres que de l’hydrogène, d’autres un mix des deux et certains n’en produisent aucun, alors que le SIBO est bien présent. Il y a donc un risque de faux négatif.
En fin de compte, le diagnostic du SIBO devrait être établi par un professionnel de la santé qui examinera les résultats du test, les antécédents médicaux et d’autres facteurs pour déterminer si le SIBO est la cause probable des symptômes.
Maladie de Lyme et SIBO, quels liens ?
Bien que ces deux conditions soient distinctes et affectent différents systèmes du corps, il existe des liens potentiels entre la maladie de Lyme et le SIBO.
Influence de Lyme sur le SIBO
- Dysfonction immunitaire : La maladie de Lyme peut entraîner une dysfonction du système immunitaire, car le système immunitaire peut être mobilisé pour lutter contre Borrelia et ses co-infections. Cette dysfonction immunitaire peut potentiellement perturber l’équilibre du microbiote intestinal et contribuer à des problèmes de SIBO.
- Effets secondaires des antibiotiques : Le traitement conventionnel de la maladie de Lyme implique souvent l’utilisation d’antibiotiques sur une période prolongée. Les antibiotiques peuvent non seulement tuer les bactéries responsables de la maladie de Lyme, mais aussi perturber l’équilibre du microbiote intestinal, ce qui peut favoriser le développement du SIBO.
- Stress : La maladie de Lyme est une maladie qui, pour tout un tas de raisons physiologiques, sociales et financières, peut apporter son lot de stress quotidien. Comme nous l’avons vu précédemment, le stress est un facteur du SIBO.
- Problèmes de motilité intestinale : Lyme peut occasionner des problèmes digestifs et ralentir la motilité intestinale, favorisant ainsi le SIBO.
Influence du SIBO sur Lyme
- Affaiblissement du système immunitaire et inflammation : Le SIBO peut entraîner une inflammation chronique de l’intestin et perturber l’équilibre de la flore intestinale. Il peut également provoquer des carences nutritives, une porosité intestinale, etc. Cela peut affaiblir le système immunitaire, ce qui peut rendre plus difficile pour le corps de combattre une infection comme la maladie de Lyme.
- Effets secondaires des antibiotiques : Le traitement du SIBO peut nécessiter l’utilisation d’antibiotiques. Les antibiotiques peuvent avoir des effets secondaires et perturber davantage l’équilibre de la flore intestinale. Les personnes atteintes de la maladie de Lyme qui développent un SIBO peuvent être confrontées à des défis supplémentaires liés à la prise d’antibiotiques à long terme.
Des symptômes partagés
Les symptômes de la maladie de Lyme, tels que les troubles gastro-intestinaux, la fatigue et les douleurs, peuvent être similaires à ceux du SIBO. Cela signifie que certains patients atteints de la maladie de Lyme peuvent présenter des symptômes digestifs qui pourraient être liés au SIBO.
Le SIBO peut provoquer des symptômes gastro-intestinaux tels que des douleurs abdominales, de la diarrhée et des ballonnements, qui peuvent se chevaucher avec les symptômes de la maladie de Lyme. Cela peut rendre le diagnostic et la gestion des deux conditions plus complexes.
Est-ce un problème ?
En naturopathie, ce n’est pas un problème si l’on ne parvient pas à savoir qui est coupable de quoi, car la phytothérapie permet d’accompagner les deux pathologies en même temps, sans détruire davantage le microbiote intestinal.
Par chance, les plantes pour accompagner l’une ont bien souvent aussi un effet sur l’autre. Parlez-en avec votre naturopathe.
Le traitement conventionnel du SIBO
Le traitement conventionnel du SIBO vise généralement à réduire la population bactérienne excessive dans l’intestin grêle et à atténuer les symptômes associés.
Image par Steve Buissinne de Pixabay
- Les antibiotiques : La rifaximine, la néomycine, la céphalexine, la norfloxacine, l’amoxicilline/acide clavulanique… peuvent être prescrits. Ces antibiotiques ciblent les bactéries présentes dans l’intestin grêle et visent à réduire leur population.
- Les médicaments prokinétiques, tels que la prucalopride, peuvent être utilisés pour améliorer la motilité intestinale. Ils aident à déplacer les aliments et les bactéries hors de l’intestin grêle plus rapidement.
- Gestion des symptômes : Les médicaments antispasmodiques peuvent être prescrits pour soulager les symptômes tels que les douleurs abdominales et les crampes. Les antiacides peuvent également être utilisés pour réduire les brûlures d’estomac.
Le problème ?
Les antiacides peuvent être la cause d’un SIBO (cf. hypochlorhydrie ci-dessus) et les antibiotiques peuvent davantage perturber le microbiote intestinal. Le risque est de tourner en rond et de rechuter.
Le traitement naturopathique du SIBO
Image par Shirley Hirst de Pixabay
L’ail est un FODMAP, mais l’allicine, composant de l’ail, peut avoir un intérêt pour accompagner un SIBO.
- Régime alimentaire (à court termes de préférence) :
- Un régime pauvre en glucides fermentescibles, tel que le régime pauvre en FODMAPs, peut aider à réduire les symptômes.
- Les régimes à faible teneur en glucides (low carb), paléo ou cétogène peuvent également être bénéfiques, car les bactéries métabolisent principalement des hydrates de carbone dans la lumière intestinale plutôt que les graisses. Un régime alimentaire riche en matières grasses (de qualité) et faible en glucides et en fibres peut donc être bénéfique.
- Gestion des facteurs de risque et amélioration de l’hygiène de vie :
- Améliorer la digestion et réparer la muqueuse intestinale sera un point important dans un accompagnement naturopathique.
- Améliorer la gestion du stress sera un autre point important.
- Gestion de la réaction de die-off qui peut aggraver les symptômes.
- Probiotiques (controversés) : Dans certains cas, les probiotiques peuvent être utilisés pour rétablir un équilibre sain de la flore intestinale. Cependant, leur utilisation dans le SIBO est controversée, car certaines souches de probiotiques peuvent aggraver les symptômes. Attention donc aux probiotiques !
- Phytothérapie : de nombreuses plantes peuvent aider à gérer un SIBO, selon le type de fermentations : Origan, Allicine, Berbérine, Neem…
- Gestion des symptômes : certaines huiles essentielles, plantes, et autres techniques utilisées en naturopathie peuvent aider à soulager certains des symptômes.
Conclusion
Le SIBO, bien qu’étant un problème de la sphère intestinale, est impliqué dans de nombreux symptômes systémiques et peu spécifiques. Le SIBO est lié de près ou de loin à une cinquantaine de maladies (autisme, rosacée, fibromyalgie, maladie de Parkinson, diabète, syndrome des jambes sans repos, syndrome métabolique, …), dont la maladie de Lyme et à ses co-infections, avec lesquelles il peut parfois être confondu.
Fort heureusement, la naturopathie est efficace pour accompagner les problèmes de SIBO !
Le SIBO peut être en lien avec le syndrome de Roemheld. Pour en savoir davantage, cliquez sur l’article.
Bonjour à tous, moi c’est Elise. Je suis praticienne en naturopathie et je partage avec vous des conseils sur le bien-être au naturel.
Touchée par la maladie de Lyme et ses co-infections, je me suis naturellement tournée vers ce sujet et en ai fait mon thème de prédilection.
Si vous avez des questions ou si vous souhaitez prendre rendez-vous avec moi, n’hésitez pas à me contacter via ma page de contact.
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